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Mitropa cup : une formule hybride inédite promise à un avenir

Après de longs mois d’interruption des rencontres physiques (les échecs sont considérés comme un sport de… contacts), les pratiquants de tous niveaux n’avaient qu’une aspiration : se retrouver en de mêmes lieux physiques afin de pouvoir défier leurs adversaires en vis-à-vis directs, et non plus par le biais de plateformes numériques. Car si celles-ci ont montré tout leur intérêt en permettant à tout le monde de jouer, elles ont aussi montré leurs limites, celle des relations sociales, mais aussi de la lecture des émotions des protagonistes lors des rencontres. Aussi valable pour les amateurs que les pros ou quasi pros. Les crises ayant pour vertu de stimuler la créativité, de pousser à se réinventer, celle-ci a ainsi conduit la FIDE (Fédération internationale des échecs) à créer des rencontres officielles via une formule hybride, permettant ainsi de disputer des rencontres avec en jeu des points au classement Elo. (Pour lire notre article sur le classement Elo c’est I C I)

La Mitropa cup a ainsi peut-être été la première compétition internationale à se disputer ainsi, grande première depuis sa création en 1976, voyant s’affronter chaque année 6 à 10 nations d’Europe centrale, représentées par leurs équipes nationales. Ainsi, au lieu que toutes les délégations se retrouvent pour 9 jours dans un même lieu, selon un système tournant des pays d’accueil, chaque équipe nationale était rassemblée en un même lieu physique, dans leur propre pays. Les rencontres se font via des plateformes numériques, le tout étant supervisé par deux arbitres agréés par la FIDE, et présents sur les lieux. Par ailleurs, les salles dans lesquelles étaient réunis joueuses et joueurs étaient filmées, avec micros ouverts, pour une meilleure surveillance générale. Enfin, chaque participant pouvait voir son adversaire par le biais de la visioconférence. Avec interdiction de quitter la pièce (sauf pour aller aux toilettes), et de communiquer avec ses voisins…

Par Fabrice Hodecent

Ainsi, les deux équipes tricolores étaient-elles rassemblées, du 4 au 12 mai, dans une salle du château d’Asnières, où est hébergé le siège de la FFE (Fédération française des échecs). L’occasion d’enfin se retrouver ! Le coach des équipes de France, Mathieu Cornette, avait pour cette rentrée fait le choix d’associer des joueurs aguerris à de jeunes pousses très prometteuses. On retrouvait ainsi au premier échiquier les champions de France en titre, Maxime Lagarde (2638 Elo) et Pauline Guichard (2415). Entourés par Christophe Sochacki (2477), Loïc Tramadon (2404) et le surprenant Timothée Razafindratsima (2341), qui, a seulement 14 ans, a signé de très belles performances. Du côté des filles, Pauline était entourée d’Andreea Navrotescu (2247), et des jeunes Anysia Thomas (2164) et Anaëlle Afraoui (2106). Si l’équipe générale s’est classée 4e sur 10, celle des filles a, elle, terminé 5e sur 10, à l’issue de 9 rondes toujours très disputées, avec des parties ayant duré parfois jusqu’à presque 6 heures d’affilée !

On l’aura compris, l’objectif n’était pas de performer, et le classement apparaissait comme secondaire dans les objectifs. Joueuses et joueurs des équipes de France ont pris grand plaisir à enfin retâter du bois, d’être ensemble pour une aventure commune, et représenter leur pays. Un moment de bonheur, même dans un cadre réglementaire très strict, mais indispensable pour que la compétition soit reconnue comme officielle. Et de se dire que, peut-être, cette formule hybride n’est pas sans avenir, car elle permet de disputer des rencontres à moindre frais économiques et environnementaux… sans pour autant être non plus généralisée. Car disputer des tournois sur un même lieu permet à la fois de découvrir le monde, mais aussi de tisser des liens sociaux indispensables au bon équilibre physique de tout le monde.