Bernard Werber et ses drôles de reines

Fabrice Hodecent pour Route64

Route64 est heureux de vous offrir aujourd’hui l’intégralité de son entretien exclusif, via ce lien. Bonne lecture !

Le prolifique et talentueux écrivain français place les échecs au cœur de son dernier livre, « La diagonale des reines », roman puissant qui met en scène deux femmes. Deux héroïnes pour le moins singulières et violentes que tout oppose, et qui vont s’affronter, sur et hors de l’échiquier, durant sept décennies, jusqu’à ce que l’une l’emporte sur l’autre. Passionné d’échecs, Bernard Werber avait déjà, par le passé, utilisé brièvement le jeu dans différents romans, mais c’est la première fois que les échecs ont le rôle principal. Rare, salvateur et ô combien encourageant, une très belle promotion pour notre jeu et sport préféré ! Mais également pour la place des femmes dans les échecs, puisque, fait rarissime – voire unique – l’histoire met en scène deux femmes, les hommes étant peu présents dans l’œuvre publiée, fin septembre, chez Albin Michel.

La première rencontre entre les deux héroïnes donne le ton à l’ensemble du roman : suite à une partie acharnée, violente, la perdante, après avoir serré la main à son adversaire, lui saute au cou, la projette au sol et tente ni plus ni moins de l’étrangler… ! Toute deux sont âgées de seulement 12 ans, et passeront leur vie entière à s’affronter, directement ou indirectement, à travers la géopolitique, des années 1970 jusqu’en 2050. Là, Bernard Werber mêle ainsi le passé, le présent et le futur, et met en évidence que tout un rapport, que les éléments sont liés, et que le hasard a peu ou pas de place dans la marche du monde… comme c’est le cas aux échecs.

Deux femmes, deux génies des échecs, chacune parfait contraire de l’autre, prêtes à un combat sans merci où s’affrontent deux conceptions du monde et des humains. L’une est la fille d’un milliardaire « rouge » australien qui a fait allégeance au bloc communiste et finance l’IRA. « Autophobe » elle ne supporte pas d’être seule et croit qu’on est toujours plus fort avec les autres, en groupe, tous ensemble. L’autre, Américaine, est surdouée mais inadaptée à la vie en société. « Anthropophobe », elle ne supporte pas les autres, et pense que l’individu doit primer sur le groupe, l’exception sur la foule, seule contre tous.

Durant près de 80 ans, leur duel se poursuit sans répit et sans relâche aux quatre coins de la planète et de l’histoire contemporaine devenue, pour elles, un échiquier géant dont les humains sont les pièces.